Résumé
Lapsus ? La langue qui fourche, entre énorme bourde et aveu involontaire.
Jean-Louis Borloo prenant la défense (sic) de Dominique de Villepin à la tribune du Palais-Bourbon : " Personne n'a contesté que le Premier minus avait eu raison. " Un député devant l'Assemblée : " Monsieur le Ministre, durcissez votre sexe, euh, pardon, votre texte!" Voici, pour la première fois recensés, plus de 200 lapsus politiques, commis en France ou à l'étranger. Si Rachida Dati a dérapé sec, " dérapé sexe ", elle est loin d'être la seule.
On a même le sentiment que, dans l'espace public, il y a inflation (et non fellation...) en la matière. L'auteur a repéré ceux qui donnent des verges pour se faire battre, insultent à bon compte, malmènent en mal nommant, parlent trop vrai, rêvent tout haut, révèlent leur manque d'expertise. Nous sommes, plus que jamais, à l'affût du moindre décalage entre le comportement des personnalités politiques et leurs discours.
Ainsi le lapsus, guetté par le citoyen comme symptôme et révélateur, donne-t-il une bonne leçon d'authenticité à nos gouvernants. Ce florilège, mettant en évidence le contexte de chaque lapsus, en restitue le sens caché et la saveur. Pour le lecteur, il représente aussi un excellent divertissement. Et un palmarès où les plus performants ne sont pas ceux que l'on imagine.
Auteur
Patrick Levy-Waitz est chef d'entreprise.
Spécialiste des enjeux de comportement, il coache de nombreux dirigeants d'entreprises privées et de la société civile. En 2006, il a publié l'aime ma boîte. Elle non plus.
Florilège
Nicolas Sarkozy, député de la 6e circonscription des Hauts-de-Seine, patron de l’UMP, est l’invité de 100 minutes pour convaincre en mars 2005.
« Je veux mettre au service des injustices plus de moyens. » [de la luttre contre les injustices]
François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, le 21 novembre 2006, jour où Ségolène Royal est officiellement investie comme candidate socialiste aux élections présidentielles de 2007, déclare :
« Si on veut battre la gauche, il n’y a qu’avec la gauche… Pardon ! (Rires.) Si on veut battre la gauche, on peut toujours le faire en votant à droite, mais si on veut battre la gauche (rires), avec la droite… » [battre la droite avec la gauche]
Dominique de Villepin, Premier ministre du président Chirac, répond sur le « chat » de Matignon où les internautes sont invités à l’interroger en direct sur le CPE.
Question de Jérémy : « En quoi consiste exactement le contrat première embauche ? A qui sera-il profitable ? »
Réponse du Premier ministre : « D’abord je dois préciser que le contrat première embûche est un vrai contrat à durée indéterminée, avec une vraie rémunération. »
Rachida Dati est, en février 2007, le porte-parole de Nicolas Sarkozy (UMP), candidat à l’élection présidentielle.
« Nicolas Sarkozy l’a dit : il souhaite effectivement devenir le patron… euh, le président de tous les Français. »
Nicolas Sarkozy, président de la République, interviewé à l’Elysée en avril 2008 par des journalistes de télévision, répond à une question sur le paquet fiscal.
« Vous savez, madame Auger, j’ai bien conscience dans (sic) les critiques qui me sont faites… Celle qui m’a le plus touché et qui m’interpelle le plus, c’est celle qui voit une partie des Français se dire :« Au fond, il fait une politique pour quelques-uns et par pour tous. » Si les Français croient ça, et ils ont raison de le croire, je dois en tirer des conséquences immédiates. » [ils ont leurs raisons pour le croire]
Nicolas Sarkozy, président de la République, répond à Laurence Parisot, présidente du Medef, au Sommet social qui fait suite à la crise mondiale de l’automne 2008 et la crise sociale guadeloupéenne.
« Je fais de la démago… heu pardon, de lapédagogie. »
Rachida Dati, candidate UMP aux élections européennes, intervient, en juin 2009, lors d’un meeting à Levallois-Perret, fief de Patrick et Isabelle Balkany.
« Ça vaut peut-être la peine de prendre un peu de temps pour avoir un engagement pour des voleurs… des valeurs et des convictions qui sont fortes au niveau européen. Je voulais remercier Isabelle et Patrick Balkany de nous accueillir ici… »
Eric Woerth, ministre du Travail, de la Solidarité et de la Fonction publique du gouvernement Fillon, est interviewé, le 27 juin 2010, en pleine affaire Bettencourt.
« On me dit après : vous avec couvert de la fraude fiscale. Moi, j’ai couvert de la fraude fiscale ?!! Alors que j’ai lancé toutes les procédures pourrenforcer la fraude fiscale. » [combattre]
Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste, essaye de calmer, en février 2010, son Bureau national, en effervescence depuis que Georges Frêche a fait des allusions aux origines juives de Laurent Fabius.
« J’invite chacun à faire preuve de responsabilité, à faire un effort. Je vous demande d’être circoncis… » [concis]
Michèle Alliot-Marie, ministre des Affaires étrangères qui avait proposé à Ben Ali « le savoir-faire de nos forces de sécurité », intervient à l’Assemblée nationale, en février 2011.
« Je travaille pour aider le pouvoir tunisien dans sa volonté de se reconduire. » [se reconstruire]
Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste, interviewée, en février 2011, sur les possibles candidats socialistes aux élections présidentielles de 2012, recentre le débat sur le projet du PS.
« Le projet est extrêmement vague… vaste, et c’est ça l’essentiel aujourd’hui. »
Pratique